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Cet été, c'est décidé : je retourne naviguer en Grèce…

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Tout a commencé avec les manifestations du peuple grec contre les mesures d'austérité censées redonner une marge de manœuvre à un Etat complètement surendetté. Des images qui ont manifestement refroidi les ardeurs de nombre de candidats aux vacances en Grèce. Mais voilà : l'équipe de Multicoques Mag ne recule devant aucun risque et c'est donc juste après le Salon international du Multicoque que nous avons embarqué pour la Grèce, direction l'île de Kos via Athènes. A l'aéroport de la capitale hellénique, tout se passe sans encombre. On récupère les bagages en un rien de temps et on embarque sur un vol intérieur... beaucoup plus facilement et rapidement que dans beaucoup d'autres endroits dans le monde. Et à peine plus d'une demi-heure après notre décollage, nous voici à Kos, l'une des îles principales du Dodécanèse et surtout base de départ de Kiriacoulis, chez qui nous devons récupérer notre Lagoon 440 pour une semaine, qu'on espère... idyllique, sur les traces d'Ulysse et à la recherche du Minotaure, Dédale et autres mythes !
Une vingtaine de kilomètres seulement séparent l'aéroport de Kos de la marina où nous attend notre cata et où nous sommes accueillis, malgré l'heure tardive, pour que nous puissions nous installer à bord. On prend rapidement nos marques, et décidons de fêter notre croisière qui s'annonce en allant manger des souvlaki, les fameuses brochettes que l'on ne trouve qu'ici... Nous n'avons pas loin à aller, puisqu'en face de la marina, on nous sert, avec un sourire radieux, de délicieux plats : ça commence plutôt bien !

Le programme
La Grèce est multiple, tous ceux qui y ont navigué le savent et c'est aussi pour cela qu'on aime y retourner encore et encore... Du golfe Saronique aux Cyclades en passant par les Sporades, on trouve des îles et des paysages totalement différents les uns des autres. Pour cette croisière dans le Dodécanèse, nous avons comme objectif d'aller découvrir un petit archipel très particulier, situé au nord de Kos et que l'on qualifie encore aujourd'hui "d'archipel des Corsaires". C'est ici que Jules César fut fait prisonnier, il avait alors 22 ans ; il y resta six mois en otage, avant que Rome ne paye enfin la rançon demandée. Le futur "dictateur à vie" de l'Empire romain, n'ayant que modérément apprécié cette escapade, envoya dès sa libération quatre galères pour le venger. Tous les pirates furent mis à mort et on raconte encore aujourd'hui, dans les îles en question, que 35 000 habitants furent alors réduits en esclavage. Les habitants de ces îles sont toujours des rebelles et des artistes... Ça promet ! De Kos, nous ferons donc cap au nord-est pour visiter Kalymnos, l'île des pêcheurs d'éponges, Léros, Lipsi et enfin Arki, but de notre voyage, avant de revenir à notre point de départ. Une centaine de milles pour profiter à fond des beautés de cette partie de la Grèce : que demande le peuple ? Peut-être une bonne météo, car si le temps est pour l'instant au beau fixe (nous sommes fin avril et on se croirait déjà en été), un coup de vent est annoncé pour dans deux jours...
Nous avions prévu de partir rapidement en ce premier matin, après la clearance et l'avitaillement pour rejoindre l'île de Léros, et de relâcher dans le très beau mouillage de Pandeli. Mais voilà, ce mouillage n'est pas très bien abrité par vent de sud-ouest et, évidemment, le vent souffle du... sud-ouest. Nous voilà donc au portant, tranquilles pour cette mise en jambe d'une trentaine de milles en direction de la côte est de Léros et le petit port de Lakki. Sous grand-voile à 1 ris et deux tours dans le génois, notre Lagoon 440 déboule tranquillement dans la mer Égée et nous emmène en un peu plus de 3h30 à destination à une moyenne de 7,7 nœuds... On en profite, car d'ici peu, ce sera le coup de vent puis ensuite la pétole molle. On ne peut pas tout avoir ! Comme partout durant cette croisière, l'accueil à Lakki a été vraiment agréable et on n'a même pas eu à ancrer, le port étant équipé de pendilles (voir encadré : comment s'amarrer en Grèce). A quelques centaines de mètres du port se trouve un petit musée de la guerre, rappelant la terrible bataille qui opposa en 1943 Allemands et Italiens aux Britanniques et aux Grecs. L'île fut bombardée pendant plus d'un mois et demi avant de tomber, et le film "Les canons de Navarone" fut certainement largement inspiré par cette bataille. Heureusement, aujourd'hui, l'île est beaucoup plus calme et finalement assez peu touristique, vivant essentiellement d'agriculture et surtout de son fameux hôpital psychiatrique.
Au fur et à mesure de l'après-midi le vent monte jusqu'à 25 nœuds dans notre joli havre pourtant très abrité. On a bien fait d'écouter la météo et de changer nos plans...

En route pour la Polynésie
Après un rapide petit déjeuner et une bonne douche à la capitainerie (il faut garder nos réserves d'eau pour les jours à venir), nous partons, toujours vers le nord et toujours poussé par un bon vent de sud-ouest, pour... la Polynésie. Eh oui : pas la peine de partir au bout du monde pour découvrir une eau d'un bleu aussi incroyable que celui des cartes postales des plus beaux lagons du Pacifique. 20 milles au nord de Léros, on trouve la petite île d'Arki, dont les côtes rappellent bien la Grèce, mais dont les eaux et les fonds marins sont un merveilleux mix entre les Maldives, les Bahamas et la Polynésie. Il ne manque finalement que les poissons multicolores pour s'y croire vraiment... Ce lieu est vraiment magique et justifie à lui seul le voyage. Et comme un bonheur ne vient jamais seul, le vent passe au nord dans l'après-midi (comme la météo l'avait prévu), et on sera hyper bien protégés dans le petit port où nous avons prévu de laisser passer le coup de vent de demain. Mais pour l'instant, nous profitons des petits mouillages, forcément déserts, de ce micro archipel. C'est à Maratho-Spalathronisi que nous trouvons par exemple refuge pour le déjeuner, une petite île où une seule famille vit à l'année et où, en saison, vous pouvez même louer une chambre et manger à l'incontournable taverne. Un lieu retiré, parfait pour méditer, mais à éviter si vous cherchez à faire la fête...
Le vent commençant à devenir de plus en plus violent, il est temps d'aller se protéger dans le port d'Arki. Enfin, quand on dit port, il faudrait peut-être remettre les choses à leur place : il y a de la place au ponton pour environ six à huit monocoques. Autant dire qu'en saison, il vaut mieux arriver tôt pour trouver une place avec un cata. Aujourd'hui, météo oblige, il y a foule : déjà trois bateaux au ponton. Une fois l'amarrage effectué, nous découvrons ce qui va être notre horizon pour les deux jours à venir : un petit port naturel dans une anse très bien abritée, de jolies collines alentour, et devant le ponton et les bateaux des pêcheurs, une magnifique place pavée bordée de deux tavernes. Ce soir, c'est la fête !

Vive les coups de vent
En général, être coincé au port par un coup de vent est la pire chose qui puisse arriver lors d'un charter de quelques jours. Mais être bloqués par la météo ici est un vrai bonheur, et à bord, nous sommes tous ravis. On en vient presque à espérer que le vent va continuer à souffler aussi fort, pour pouvoir retourner manger chez Manolis, le patron de l'une des deux tavernes de l'île où nous avons pris nos habitudes. Il faut dire que Manolis sait recevoir, avec des petits plats à couper le souffle et des mézès hallucinants (il en propose jusqu'à 25 différents) dont les meilleures tomates que j'aie jamais mangées. Un délice. Et pour l'anecdote, sachez que le chanteur Renaud aime à venir relâcher ici... On le comprend !
Mais les meilleures choses ont une fin, et c'est à regret que nous allons devoir quitter nos nouveaux amis d'Arki. Le vent est tombé, et c'est par calme plat et grâce à la risée diesel que nous allons nous remonter le moral en repassant par "notre" Polynésie" grecque. Au mouillage, les petites chèvres de l'île déserte voisine viennent à notre rencontre. Elles sont déposées sur ces îlots par leur propriétaire, où elles grandissent toutes seules en buvant l'eau de mer, ce qui leur donne ce goût unique et si particulier. A midi, nous faisons escale dans un autre endroit incroyable, deux îlots enchâssés dans une eau d'un bleu irréel (l'île d'Aspro). Mouillage, dinghy et nous voilà en train d'escalader le piton rocher pour découvrir une vue magnifique. Toute la palette de bleu s'offre à notre regard, avec notre catamaran, comme flottant au-dessus des eaux, tout en bas. Les seuls êtres vivants sur l'île sont les oiseaux qui ne sont manifestement pas contents de notre intrusion. Nous partons donc aussi discrètement que possible en découvrant des nids et des œufs et laissons ces merveilles à leurs habitants naturels. En redescendant, on découvre sur la plage les restes d'une tortue de près de 80 cm de long, manifestement victime de la grosse tempête de la semaine précédente...
Le temps passe trop vite dans des endroits aussi magnifiques, et il faut pourtant songer à repartir pour notre prochaine escale, la nuit arrivant vite, et le vent toujours absent nous obligeant à nous déplacer uniquement au moteur. C'est à Lipsi que nous nous arrêtons pour acheter des provisions, découvrir les magnifiques ruelles de la ville, avant de quitter ce port décidément trop grand pour nous (il y a déjà cinq bateaux de plaisance à quai, et un sixième arrive) pour aller mouiller au pied d'une magnifique chapelle distante d'à peine un demi-mille du port. Evidemment, nous sommes seuls au mouillage...

Il faut déjà rentrer...
Il ne nous reste que deux jours et encore tant de choses à voir... Il va nous falloir accélérer un peu le rythme ou alors s'engager à revenir pour explorer un peu plus à fond ce bout de mer Egée qui nous a tant séduits. Il y a par exemple le rocher (on ne peut raisonnablement pas appeler cela une île) de Makronisi : mouillés devant la falaise, on ne voit rien. Mais en plongeant à un endroit qu'il faut connaître, on nage moins de deux mètres sous la falaise et on arrive dans un lac intérieur à ciel ouvert. Et là, à vous la sensation vraiment étrange de découvrir un monde caché. On repart ensuite pour aller dormir à Pandeli sur l'île de Léros, dont nous avions manqué l'escale au départ. Le vent est maintenant orienté comme il se doit, et le mouillage bien protégé. Pourtant, là-haut sur la colline, les moulins à vent font bonne garde et nous rappellent qu'ici en été, le meltem souffle fort, même s'il est quand même moins puissant que dans les Cyclades.
Notre dernière escale nous emmène à Kalymnos, la fameuse île des pêcheurs d'éponges, pas au port principal (trop grand à notre goût), mais dans un fjord naturel à couper le souffle : Vathys. Là encore, les places sont limitées à une dizaine de bateaux, et si vous décidez d'y relâcher en saison, mieux vaut arriver tôt, très tôt pour espérer avoir une place. En ce début mai, pas de problème de place et nous accostons au pied d'une des tavernes : au moins, on pourra facilement surveiller notre cata...

On y revient toujours
Et voilà, il est temps de rentrer. Cette semaine a réveillé en nous l'envie de venir et surtout de revenir naviguer en Grèce. La beauté des lieux, l'incroyable richesse de sa culture, le fabuleux accueil qui y est toujours réservé aux touristes, l'exceptionnelle diversité qu'offrent les îles dont elle est composée font de la Grèce un des plus beaux endroits au monde où naviguer. Alors, cet été, c'est décidé, on y retourne !


Pourquoi naviguer en Grèce


- Pour la beauté de ses îles.
- Pour les innombrables mouillages de rêve qui parsèmeront votre croisière.
- Pour les incroyables tavernes et l'accueil fabuleux qu'on vous y réserve.
- Pour une richesse culturelle unique au monde : partout où vous irez, partout où vous regarderez, il y aura un vestige vous rappelant qu'une grande partie de la base de la culture mondiale vient en essentiellement d'ici...
- Pour les prix qui n'ont jamais été aussi intéressants depuis de très nombreuses années...

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