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Avril / Mai
Multicoques Mag n°224

Multicoques Mag

Numéro :

Parution : Janvier / Avril 2024


Le boot Düsseldorf face à la rébellion des multicoques

Si le boot Düsseldorf, plus grand salon du monde indoor, reste incontournable avec sa surface d’exposition de 220 000 m2 et ses 214 000 visiteurs (contre 237 000 en 2023) qui viennent de toute l’Europe – voire de bien plus loin puisqu’on recense 120 nationalités –, on se souviendra de cette édition 2024 comme de celle d’un retour à la normale après deux ans d’euphorie post-Covid. Certains acteurs montrent même une certaine nervosité face aux dégâts causés par l’inflation, la hausse des taux d’intérêt et les incertitudes géopolitiques. Pour nous, chez Multicoques Mag, ce millésime 2024 du boot s’est traduit avant tout comme un rendez- vous manqué avec la filière multicoque voile. Mis à part quelques catamarans de sport ou jouets de plage, seul le Tricat 6.90 avait fait le déplacement depuis la Bretagne pour être présenté dans le hall 15, traditionnellement réservé aux multicoques. Excepté le grand stand Excess et les représentations plus ou moins modestes de quelques constructeurs ou de leurs distributeurs (Fareast, Fountaine Pajot, Gunboat, McConaghy, Nauticks, Nautitech, NEEL Trimarans, Windelo…), les chantiers qui construisent des bateaux à deux ou trois coques ont clairement boycotté le salon cette année, faisant du « village multicoques » une place désertée. L’absence de Lagoon, de loin leader mondial du secteur, est évidemment lourdement symbolique.
Du côté des powercats, l’ambiance était un peu plus apaisée, avec la présence du Prestige M48, du YOT 36 et de nombreux projets que nous présentons bien sûr dans ce numéro. Notons la présentation des Dragonfly 32 et 40 dans le hall 16, avec les monocoques. Une incursion du chantier danois spécialiste du trimaran repliable qui ne date pas d’hier – avec le hall 15 à quelques mètres seulement… Et c’est là qu’il est temps de parler du sujet qui fâche : si les constructeurs de multicoques ne viennent plus à Düsseldorf, c’est bien sûr parce qu’il est compliqué, coûteux et pas vraiment écologique de transporter des grandes unités… mais c’est surtout parce que les chantiers se sentent peu considérés au boot, alors qu’ils sont incontestablement devenus les locomotives du secteur de la plaisance. Face à une vision du marché considérée comme passéiste, les faiseurs de multicoques revendiquent sans complexes l’accès au cœur du fameux et prestigieux hall 16 (c’est le plus grand), quitte à bousculer l’establishment… on assiste un peu à une guerre des mondes, celle de l’ancien et ses monocoques traditionnels coiffés de teck, contre le moderne et ses voiliers à vivre – à deux ou trois coques. Qui a dit que l’histoire de la plaisance se résumait à une tranquille étale de pleine mer ?

 

Emmanuel van Deth
Rédacteur en chef

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