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Croisière

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En 2001, Simoust est mis à l'eau au chantier Sud Composites pour une famille en partance pour le tour du monde. Mais la vie et ses vicissitudes vont bouleverser le programme de ce joli catamaran. 15 ans après sa mise à l'eau, voici la suite des aventures de Simoust…

Croisiere SIMOUST

Nos premiers clients aux îles Vierges : ça commence bien !

Que sont devenus le Switch 51 Simoust et son équipage depuis 2004, lorsque les 3 filles du bord avaient fait la une du Multicoques Mag no 106 ?

Petit retour en arrière :
Laure, Pauline, Aline et Jean-Louis tentent d’abord l’aventure en famille sur un voilier dans le Pacifique, ils larguent les amarres à Tahiti pour rallier la Nouvelle-Calédonie en passant par les Fidji, Tonga et Vanuatu. Un an sur un monocoque de 33 pieds, les filles scolarisées au CNED, chacun s’épanouit : test réussi !
Pour continuer l’aventure, notre petite famille recherche alors un catamaran, et plus grand. Les rencontres avec d’autre familles ayant choisi le confort des multicoques nous ont convertis.
C’est à Balaruc-les-Bains, près de Sète, que le coup de foudre a lieu avec ce chantier à taille humaine, Sud Composites, et ses catamarans de grand voyage : les Switch 51. Excellente relation avec Alain et Marie Adès, les fondateurs et gérants, mais aussi avec les ouvriers. Simoust est le 5e de la série, et nous nous investissons beaucoup pour les propositions d’aménagement intérieur, les choix de gréement… Enfin, en septembre 2001 Simoust est baptisé, et c’est le grand départ ! Les navigations s’enchaînent jusqu’à Gibraltar, puis les Canaries, les îles du Cap-Vert, et une paisible traversée de l’Atlantique en 14 jours jusqu’à la Barbade. Souvenirs forts : les ados font leurs premiers quarts de nuit, et on se baigne même autour du bateau immobile dans la pétole. C’est enfin la découverte de l’Arc antillais.
En 2003, Aline et Jean-Louis décident de continuer chacun vers des caps différents. Quelle suite pour le bateau ? Laure et moi convainquons notre mère : on veut tenter ce challenge, continuer la vie sur l’eau qui nous plaît tant, entre nanas, et pourquoi pas ?!

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Une escapade sur les îlots sauvages des Grenadines, c'est aussi ça, la liberté du bateau

Simples équipières, il nous faut maintenant devenir autonomes, il y a tant à apprendre !
Les amis de bateaux nous donnent mille et un conseils, on fait des navigations "coachées" efficaces, des fiches pour se rassurer (procédures de prise de ris, utilisation de la règle Cras…). Et on apprend aussi sur le tas, par nous-mêmes. L’entraide marche à fond entre voileux : untel nous apprend les rudiments en mécanique, contre des cours de français pour son fils qui va passer le bac.
Les saisons cycloniques (de juillet à novembre) passées dans les îles du Venezuela, à l’abri des trajectoires des cyclones passant plus au nord, nous permettent de revoir souvent les mêmes bateaux et les enfants de notre âge, c’est une sorte de transhumance. C’est aussi un premier contact avec l’Amérique latine. On se met à l’espagnol (parfait pour pratiquer après les cours théoriques du CNED !) et on lie de belles amitiés avec les familles de pêcheurs des îles Testigos.
Le passage de mon bac de français, au collège français de Caracas, nous pousse à caboter près des côtes du continent. Les échos d’insécurité et l’absence d’autres voiliers nous font parfois inventer des mises en scène loufoques mais réussies : étendre des tee-shirts taille XXL et mettre une paire de chaussures d’homme bien en vue, pour feindre la présence d’un capitaine masculin ! A l’arrivée dans une marina, il faut parfois inventer que le capitaine est malade, il est resté à bord. Un équipage féminin, au Venezuela, ça ne se concevrait pas ! Mais nos voyages avec sac à dos à l’intérieur du pays nous font découvrir d’autres facettes loin des problèmes des grandes villes : des habitants le cœur sur la main, toujours prêts à rire et à taquiner. Et quelle diversité ! Hautes montagnes andines à Merida, plateaux de la Gran Sabana et ses extraordinaires tepuis, jouxtant la forêt amazonienne brésilienne… Il faut aussi savoir quitter le bateau pour explorer, sans oublier le baluchon du CNED !


Nous avons continué à naviguer dans toutes les Antilles, toutes les 3, jusqu’en 2005. La vie à bord nous convenait bien ; pour les navigations, nous échangions les postes régulièrement, tout en ayant nos petites spécialités ! On était sérieuses au CNED, et les récrés pêche sous-marine avec les copains, kayak, ou plongeons depuis les étraves, étaient plus que motivantes ! Cette expérience nous a énormément solidarisées.

Le bac en poche, Laure, l’aînée, part alors aux Etats-Unis pour pratiquer l’anglais, puis en France en école d’ingénieur en agronomie tropicale. Nous restons donc à bord, ma mère et moi, et je prends de plus en plus de responsabilités dans les navigations.
Du nord au sud, des îles Vierges anglaises au Venezuela, les deux dernières années avant mon bac sont riches en navigations et escales, belles rencontres sur les voiliers des uns et des autres, palmes-masque-tuba sur les récifs pour se changer les idées après des cours de plus en plus pointus… en terminale L, la philo par correspondance, c’est quelque chose !
Il y a aussi des escales plus longues, comme en Martinique, où j’ai le temps d’intégrer d’autres équipages pour m’entraîner et régater sur des Surprise, l’ambiance est top, il y a des ados, des adultes, et aussi un équipage de filles. On fait les différentes régates locales, Combat de Coques, Carnival Regatta, Coupe féminine, Bordée de la St-Jean mais aussi le tour de la Martinique et les régates de Bequia… et Simoust sert parfois de base logistique pour les équipages et les apéros !
En terminale, je tente le lycée à terre, à Fort-de-France, mais finalement, je préfère reprendre le CNED après deux mois : malgré un prof de philo extraordinaire, il y a trop de pertes de temps, et certains cours sont d’un niveau vraiment faible. On s’habitue à l’efficacité avec les cours par correspondance : hop, on fait rapidement les matières dans lesquelles on a des facilités, et on consacre le temps gagné aux cours plus ardus, ou à se détendre en dehors de la cabine-bureau !
En 2007, je passe le bac, super résultats, je peux enfin profiter du bateau tout l’été en mode vacances !

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Chacun trouve sa place à bord de Simoust

Puis une nouvelle page se tourne, je quitte le bord pour faire une licence en histoire de l’art et expertise d’objets d’art à Paris. Les cours me passionnent, le milieu professionnel un peu moins. Ma mère reste au bateau une bonne partie de l’année, mais seule, c’est beaucoup de soucis et moins de plaisir. Ma sœur continue ses études d’agronomie.
Bref, on décide de confier Simoust à des skippers successifs pour amortir les frais d’entretien grâce aux charters, et pour pouvoir quand même garder le bateau et y revenir pour les vacances.
Je continue sur un master en management culturel à Barcelone, puis commence à travailler dans le Sud de la France sur différents évènements culturels. Mais le bateau me manque, et tout ce qui va avec : la liberté de bouger, de changer de culture et d’environnement, la proximité avec la nature. Les expériences des skippers sur Simoust nous déçoivent, et il y a souvent un problème de confiance. Comment savoir ce qui se passe à bord quand on est à 6 000 km ? Il faut trouver une meilleure solution.
L’idée m’avait déjà titillée, mais cette fois, en 2014, je prends la décision : et si je passais le diplôme de skipper et reprenais moi-même Simoust ?! J’ai 25 ans, et les rêves n’attendent pas !
Entre cette décision et sa réalisation, il faut presque un an, le temps de passer les différents modules de formation, théoriques et pratiques, entrecoupés de quelques sessions boulot en Suisse et à Singapour.
J’ai choisi de préparer le diplôme de Yachtmaster, qui, à l’inverse du Capitaine 200 français, reconnaît l’expérience acquise auparavant et valide un niveau pratique. La théorie, je l’ai apprise à la maison (techniques des calculs, RIPAM, feux et signaux sonores…). Les connaissances étaient ensuite testées en conditions réelles. J’ai beaucoup aimé les 4 semaines de préparation embarquées que j’ai effectuées dans un centre de formation en Bretagne, notamment au moment des grosses tempêtes de début 2014 ! Calculs de marée (ça, c’était nouveau pour moi, venant des Antilles !), calculs de courants, de dérive, navigations à l’aveugle, toujours sans GPS, prises de coffre et appontements à la voile, manœuvres d’homme à la mer à la voile… l’accent est mis sur le savoir-faire pratique et la sécurité. L’examen final dure d’ailleurs une trentaine d’heures à bord du voilier de formation, pendant lesquelles on est alternativement skipper et équipier.

En septembre 2014, champagne ! j'ai le diplôme en poche.
Mais je ne vais malheureusement pas pouvoir l’utiliser sur Simoust aussitôt que prévu : en octobre, c’est la série noire à St Martin.
La boîte de gestion-location à qui on a confié le bateau le loue à un supposé skipper qui, 2 jours après la prise en main, l’échoue sur les récifs de l’île voisine, Anguilla. Dérives, safrans, embase et hélice bâbord sont arrachés. Heureusement, la coque n’est pas touchée et la structure reste intacte. Le bateau est remorqué jusqu’à St Martin et amarré à une bouée, dans l’attente de rentrer en chantier dès que possible.
C’est alors qu’arrive celui qui a surpris beaucoup de monde sur place et déjoué les prévisions météo : le cyclone Gonzalo frappe St Martin et St-Barth.

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Pendant 4 ans, Aline Laure et Pauline, les 3 Simoustines, ont sillonné les Antilles

Pour faire court, car ça reste un souvenir assez douloureux, le bateau casse ses amarres et dérive sur la digue toute proche. Il sera pris en sandwich entre les rochers de la digue et un monocoque à la dérive.
L'année 2015 est donc consacrée aux négociations avec les assurances, les experts, la boîte de loc', et surtout aux réparations consécutives aux accidents ainsi qu'à l'absence totale d'entretien par ceux qui avaient la gestion du bateau.
On a beaucoup appris de cette difficile expérience, et on se souviendra d’une chose : il ne faut pas confier un bateau qu’on aime, et qu’on a bichonné pendant des années, à une entité dont le but est purement lucratif. Cela m’a fait perdre pas mal d’illusions sur le professionnalisme du milieu nautique local.

Une sacrée leçon qui m’a fait mûrir et m’a rendue d’autant plus déterminée à redresser la barre. Simoust, on va te redonner vie !
Il faut maintenant communiquer sur mon projet : je crée le site Internet de Simoust (www.simoust.com), une page Facebook, des teasers…
On commence une nouvelle histoire, gérée en famille : une fille skipper et en charge de la comm’, une autre qui donne un coup de main chaque fois que possible et la maman toujours prête à se charger des périodes d’entretien et carénage.

En décembre 2015, Simoust retrouve enfin l’eau. Il aura fallu des mois de chantier à ma mère et moi, épaulées par nos proches qui se sont relayés, pour lui offrir une belle cure de jouvence. On a pu s’occuper de la plomberie, des boiseries, des joints, de la sellerie etc., et des artisans spécialisés ont pris le relais pour un gros check-up mécanique, électrique, hydraulique, strat’, etc. Le meilleur moyen de connaître à fond son bateau, de se le réapproprier avant de se lancer dans une première saison commerciale.
Janvier 2016, on accueille les premiers clients à bord, et ça paraît presque irréel ! Tout se passe bien, ils ont le sourire jusqu’aux oreilles toute la journée… ça, c’est la vraie récompense !
St Martin, Tintamare, St-Barth, Saba, les îles Vierges, le terrain de jeu est varié, et les îles suffisamment rapprochées pour proposer, toujours à la carte, des croisières différentes.
"Amaaazing !!!" les clients américains sont les plus démonstratifs ! Personne n’est insensible aux régulières apparitions de tortues autour du bateau, avec lesquelles on peut nager et dont on peut s’approcher de très près !
J’ai pris goût à ce partage des belles choses, et les discussions avec les invités de tous horizons me font régulièrement apprécier combien ce métier-passion est extraordinaire…
J’aime leur préparer une piña colada "maison" pour accompagner le coucher du soleil sur les trampolines, suivie d’un colombo de poisson, avant de rêver sous les étoiles, avec un petit verre de mes rhums arrangés.

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Repérage de la passe à Virgin Gorda Sound, îles Vierges

Et l’échange se fait dans les deux sens. Avec certains, on a inventé le paddle tracté : assis ou debout sur la planche en tenant un bout amarré à l’annexe. Ou encore, on a trouvé un nouveau spot pour accrocher le hamac : juste au-dessus de l’eau, entre les deux étraves… Just incredible !
Pas de routine pour moi : comme je connais bien les îles, j’aime préparer des itinéraires sur mesure, adaptés aux envies de chacun : certains cherchent le farniente et les événements culturels, d’autres les spots de plongée ou encore de kite.

Après cette première saison encourageante, je re-signe ! Au programme 2017 : les Grenadines (parmi les plus belles destinations des Petites Antilles, avec les îles Vierges, pour moi).
J’y ai d’ailleurs une demande de croisière un peu différente : coacher un couple et leurs 2 enfants qui prévoient eux aussi de partir en bateau en famille pour un an ou plus. Transfert d’expérience, mises en situation et tests grandeur nature, le tout à leur rythme.
Puis nous remettrons à nouveau le cap sur St Martin et ses alentours pour les mois d’avril et mai, riches en belles régates avec les Voiles de St Barth’, la Antigua Classic Yacht Regatta, etc.
Enfin, Simoust s’élancera pour une semaine de navigation pour atteindre… les Bermudes ! En mai et juin, ce sera la Coupe de l’America, on ne veut pas rater ça. Venir voir ces catamarans à foils, volant à presque 50 nœuds dans le "lagon" intérieur de l’île, promet un show à couper le souffle !

Pour finir, on doit vous faire une confidence… En famille et avec nos compagnons, nous préparons pour 2018 le 3e chapitre du "Grand Voyage de Simoust" : celui qui nous emmènera cap à l’ouest, vers notre terre de naissance : Tahiti.
De superbes escales en route : Los Roques, Carthagène, le canal de Panama, les Galápagos, les Marquises… avec l’intention d’ouvrir ce voyage à ceux qui le souhaiteront pour partager ce qui se profile comme un très grand et beau chapitre…
A bon entendeur !

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Piña colada de compétition : coco râpée et pressée à la main

Ce qui a changé au bateau depuis sa naissance :

Les voiles ont toutes été changées.
On est resté en énergie douce : 6 panneaux solaires 100 W et 1 éolienne silencieuse, sans céder aux sirènes du bruyant groupe électrogène !
Les éoliennes d’origine, des Aerogen 4, sont remplacées par une seule ATMB D400 de 500 W.
Toutes les ampoules halogènes ont été remplacées par des Leds.
Le dessalinisateur Spectra Santa Cruz en 12 V qui était une vraie usine à gaz, pour un faible rendement de 25 l/heure, va être changé pour un Aquabase produisant 65 l/h, toujours sur 12 V.
Les vérins de la barre hydraulique ont été changés et le système hydraulique révisé.
Le pilote automatique Raytheon a été changé pour un Raymarine.
L’ancre principale, une CQR de 35 kg, a été remplacée au profit d’une FOB de 40 kg. Les 60 mètres de chaîne de 12 ont été changés eux aussi, puis regalvanisés.
L’annexe d’origine, une Joker 370 avec un moteur 4 temps de 25 CV, a été remplacée par une ProTender 270 beaucoup plus légère et maniable avec son fond en aluminium, et un moteur de 15 CV qui s’avère suffisamment puissant pour faire du paddle tracté !
Toute la coussinerie extérieure en sunbrella et toute la coussinerie du carré en skaï ont été refaites.

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On en prend combien ?

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